Le village de Gentinnes

Gentinnes disposait encore de deux brasseries dont le souvenir aurait aujourd’hui complètement sombré dans l’oubli si deux habitants du village n’avaient essayé de les ressusciter puis de les perpétuer il y a une dizaine d’années, sous le nom de la bière de la Touffe qu’ils accompagnaient alors d’un fromage artisanal. Malheureusement, ces deux produits ont à nouveau – provisoirement ? disparu de la scène et de la table chastroise

Le patrimoine de Gentinnes

Le mémorial Kongolo (château et chapelle Ermitage du xviie siècle)

Un peu d'histoire

Depuis plus de mille ans, Gentinnes, aujourd'hui paisible village du canton de Genappe, coule des jours heureux, au bord de la Houssière, petit ruisseau sans histoire et à l'ombre d'une gentilhommière que les gens du pays, au début de ce siècle, ont appelé d'un nom très simple : le château des Pères 

Un village comme tant d'autres en ce roman pays où la terre est fertile et le peuple travailleur. 


Les érudits seuls savent qu'au XIIe siècle, Godefroid d' "Ottegnies" et Béatrice de "Limalle" ont fait don, à l'Abbaye de Bonne Espérance, en Hainaut, de l'église de Gentinnes et d'un fief seigneurial qu'ils y possèdent. Qu'en 1312, un chevalier, Jacques de Gentinnes, se trouve parmi les signataires de la Charte de Cortenberg. Que plusieurs Familles se transmettent la seigneurie de Gentinnes : les Stokar au XIVe siècle ; les de Davels au XVe ; les T'Serclaes au XVIe ; les d'Udekem au XVIIIe et les de Limminghe au XIXe siècle. Le dernier descendant des comtes de Limminghe meurt en défendant les Etats Pontificaux et le château de Gentinnes devient la propriété de M. Wégimont, gros commerçant anversois. Pour les 13 enfants du nouveau propriétaire, la gentilhommière servira de maison de campagne merveilleuse. 


Car la propriété est vaste, agrémentée de belles pièces d'eau, prolongée d'un bois de hauts chênes au fond duquel s'érigeaient jadis des ermitages dont il ne reste qu'une chapelle agreste, précisément dédiée à Notre-Dame de l'Ermitage. 


La chapelle de l'Ermitage 


Rebâti par Don Thomas Lopez de Ulloa au XVIIe siècle, restauré par un d'Udekem au XVIIIe, le château de Gentinnes n'a rien d'un palais. Seules, la façade surmontée d'un fronton triangulaire et la rampe de l'escalier d'honneur attestent encore la noble origine de la maison. 


Comment deviendra-t-elle, au début de ce siècle, exactement le 1er janvier 1904, un centre d'études et de formation de futurs missonnaires ? L'histoire vaut la peine d'être contée. 


Monseigneur Le Roy et Monsieur Wégimont 


A la fin du siècle dernier, les Missionnaires du Saint Esprit, dont le siège était à Paris et les nombreuses missions de noirs en Afrique et en Amérique, avaient à leur tête un chef d'envergure : Mgr Alexandre Le Roy. Un homme d'action er un homme d'esprit. Missionnaire intrépide à Bagamoyo, explorateur du Kilimandjaro, évêque au Gabon, correspondant de sociétés savantes de Paris, il s'était retrouvé un beau jour Supérieur général, aussi étonné de la charge qu'on lui confiait que ses confrères étaient ravis d'avoir placé un tel homme à leur tête. Il avait tout de suite lancé ses nombreux missionnaires à travers l'Afrique. Et, de partout, lui parvenaient de nouveaux appels. 


Un jour, dans le train Paris-Bruxelles, il se trouve en face du châtelain de Gentinnes. Monsieur Wégimont s'intéressait, entre autres, à une importante société coloniale du bassin de l'Ibengua, au Congo Français. Le Supérieur Général des Spiritains en impose : un visage ouvert, des yeux pétillants de vie, une barbe majestueuse où s'accroche la croix pectorale, des gestes de grand seigneur et une finesse de normand. La glace est vite rompue. L'Anversois regrette de n'avoir aucun missionnaire dans ses concessions. L'évêque lui répond que la denrée se fait rare et qu'il n'a plus personne de disponible. Et, en souriant, il ajoute : " Au fond, pourquoi ne m'aideriez-vous pas à en trouver en Belgique, un si bon petit pays, si généreux, si travailleur ? ...". 


Les débuts "héroïques" 


Monsieur Wégimont promet son concours et tient parole. En 1900, il offre au Supérieur Général une maison qu'il possède, rue de Lisp, à Lierre. Ce sera le berceau de la Province Belge des Pères du Saint-Esprit. Et, en 1903, quand on chasse les religieux de France, Monsieur Wégimont met son château de Gentinnes à la disposition de son ami, Mgr Le Roy. Les "anciens" du village racontent encore l'accueil enthousiaste que fit la population gentinnoise, maïeur et curé en tête, aux exilés français qui venaient s'installer au château avec une soixantaine d'étudiants, que l'on allait préparer au bac et à la philo. Et la gentilhommière devint le château "des Pères". 


En 1919, les Français regagnent leur pays. Les spiritains belges occupent, à leur tour, la maison devenue, en 1920, l'Ecole Apostolique de Gentinnes, chargée de fournir des missionnaires aux postes de Kindu et de Kongolo. On y poursuit le cycle des humanités sous la direction d'un maître-homme, le Père Andriès. Le règlement est strict : lever à 4h45, coucher à 20h30. Le régime est abondant, mais spartiate. Les dortoirs sont des glacières. Les sorties sont rares. Mais les apprentis missionnaires ne réchignent pas : ils veulent "aller aux Noirs" et, si on les "drille", ils en savent le motif. De telles méthodes sont impensables aujourd'hui. Mais, à l'époque, elles ont façonné des caractères et, en trente ans, près de cent missionnaires, dont de fameux broussards. 


1er janvier 1962 


Le 1er janvier 1962, à l'aube de l'année nouvelle, vingt missionnaires du Saint-Esprit tombent à Kongolo, sous les balles de meurtriers excités par le chanvre, dans la grande allée de manguiers qui mène au Lualaba. Leurs corps, déchiquetés, sont jetés au fleuve. Des flamands, des Bruxellois, des Wallons. Toutes les Provinces du pays sont représentées ; le Brabant est en tête : deux Bruxellois, un Flamand de Nossegem et un Wallon de Mellery. 


Toute la Belgique s'émeut. Le 25 janvier, en la cathédrale St-Michel, en présence de Son Altesse le Prince Albert, du Gouvernement, de tout l'Episcopat Belge et des plus Hautes Autorités du Pays, le Cardinal glorifie le sacrifice héroïque de ces humbles fils de la Belgique, martyrs de leur fidélité au devoir. Ils auraient pu quitter Kongolo ; ils n'ont pas voulu abandonner leurs fidèles. 


Le Mémorial-Kongolo 


L'année suivante, au service anniversaire célébré au Sablon par Mgr Bouve, évêque de Kongolo, l'assistance est clairsemée. Et le père d'une des victimes - mort depuis, miné par la douleur - nous confie, avec des sanglots dans la voix : " C'est fini, nos pauvres enfants, on les a déjà oubliés en Belgique ! ". 


C'est alors que naît le projet de leur ériger, au centre du pays, un mémorial destiné à rappeler aux jeunes l'héroïsme de leurs aînés. Et comme Gentinnes a le triste honneur de compter neuf anciens parmi les victimes, on décide de bâtir la chapelle-mémorial près de la grille d'entrée du château. 


Toute la Belgique applaudit à cette initiative. Les plus hautes Autorités du Pays nous accordent leur soutien. En premier lieu, Leurs Majesté le Roi et la Reine, le gouvernement unanime, Monsieur le Cardinal et tous les Evêques de Belgique. Puis le bon peuple belge qui répond de grand coeur à notre appel. Les familles des victimes de Kongolo en sont vivement réconfortées. 


Le Mémorial Kongolo à Gentinnes 


Nouveau et tragique bilan 


Nul ne pouvait prévoir, à cette époque, que l'hécatombe de Kongolo ne serait qu'un prélude à d'autres troubles. La rébellion de tout l'Est de la République du Congo va entraîner la mort de dizaines de milliers de victimes noires. Et, avec eux, plus de deux cents missionnaires... 


Réalisation de la chapelle-mémorial 


Elaborée par les bureaux de l'architecte Charles Jeandrain, de Gembloux, la chapelle a été inaugurée le 7 mai 1967, en présence du Roi et de la Reine, du Gouvernement, de douze Ambassadeurs et d'une foule immense de parents et d'amis. 


C'est un édifice de plan rayonnant d'une capacité de 200 places qu'éclairent de remarquables vitraux dus au maître verrier Yves Dehais de Nantes. Les quatre verrières ont été réalisées en dalles lumineuses de 3 cm d'épaisseur, enrobées dans le béton et volontairement éclatées en certains endroits 


Le Mémorial Kongolo vu de l'intérieur 


Les trois sculptures, le Christ glorieux du choeur, la Vierge et la statue en aluminium du missionnaire, sont l'oeuvre du sculpteur Raf Mailleux, de Genk. Le Christ glorieux se dresse sur une croix de kambala gaïnée de feuilles d'or, évidée en un lit de triomphe. Il est habillé, à la mode byzantine, d'une longue robe d'honneur et la couronne d'épines, détachée de la tête, est changée en diadème royal. Le Christ est en aluminium, comme le missionnaire sous l'auvent : le disciple a rejoint son maître dans la gloire. 


Le Christ glorieux du choeur 


 Pour sa Vierge, le sculpteur a choisi le chêne du Nord. Il fallait, pour exprimer la tendresse de la maman, un matériau plus chaud que l'aluminium. Pourquoi ce long fuseau qui part de la tête et se referme sous les pieds ? Pourquoi ces épaules supprimées, ces deux longs bras, qui présentent l'Enfant souriant ? Pour souligner la richesse de la vie intérieure de Marie. Elle est un vase clos, un vase précieux, débordant de la grâce divine et d'où jaillit Jésus, notre Espérance. Le visage grave et doux, elle semble nous dire, en nous donnant son fils : " N'ayez donc plus peur ! Jésus, le Sauveur, est là ! ". 


Une ombre se dessine sur le mur : celle d'une femme de chez nous comme on en rencontrait autrefois, avec sa coiffe, son enfant sur les genoux et sa longue jupe, descendant jusqu'aux sabots. Les mamans des prêtres, des missionnaires, des apôtres laïcs, n'ont-elles pas été souvent des femmes toutes simples, qui ont toujours dit oui à Dieu et lui ont offert, aidées par la générosité de leurs époux, leur grand garçon ou leur grande fille ? 


La mort fait son oeuvre en nous pour que jaillisse en vous la vie 


(2 Cor., 4, 12) 


C'est la traduction du texte latin qui se trouve sous la grande statue du missionnaire, au pied du porte-cloche, sous l'auvent 


La statue du Missionnaire, devant le Mémorial Kongolo 


Dès l'entrée dans le parc de Gentinnes, cette statue attire les regards. Les paumes largement ouvertes, en un geste qui rappelle celui des Africains, lorsque pauvres et dénués de tout, ils tendent leurs deux mains, le missionnaire tombe sous les balles en une offrande suprême pour le peuple qu'il aimait, à qui il avait consacré sa vie. Et il espère, en tombant, que de sa mort jaillira la vie, une vie nouvelle, une chrétienneté vivante. Rien de heurté, rien de tragique en cette oeuvre. Le visage est calme, paisible : le serviteur, le pauvre de Jahvé, seul sur cette esplanade qui rappelle tant de places de villages d'Afrique, s'en va vers la Vie, ayant accompli, jusqu'au sang, sa tâche de témoin de la bonté de Dieu. 


Le sens profond de Kongolo 


Par son nom même, Kongolo rappelle l'ancienne République du Congo où sont tombés pour le Christ 225 apôtres : 115 Belges, 38 Hollandais, 18 Anglais, 10 Congolais, 10 Italiens, 9 Américains, 8 Grands-Ducaux, 5 Espagnols, 4 Français, 3 Canadiens, 3 Allemands, 1 Australien et 1 Néo-Zélandais. 


Le Mémorial garde pieusement tous ces noms d'humbles missionnaires fidèles jusqu'à la mort. 


Mais la devise de Gentinnes : SPE GAUDENTES, la joie dans l'espérance, inscrite au fronton du vieux château, nous rappelle que le sang des martyrs est une semence de générosité. La chapelle est une leçon d'espoir pour l'Eglise zaïroise et tous les pays en voie de développement. 


A l'intérieur du sanctuaire, la paroi blanche du mur s'incurve pour rassembler autour de l'autel le peuple de Dieu. C'est Notre-Dame d'Espérance qui accueille le visiteur, qu'elle conduit d'abord au Christ, qui a vaincu la mort. Puis à l'autel, dont le granit sort du fleuve Zaïre, où reposent les corps de tant de missionnaires. Et le visiteur s'agenouille sur des bacs dont le bois lui aussi arrive droit de la forêt africaine. 


" La moisson est immense et les ouvriers peu nombreux. Priez donc le Maître de la moisson d'envoyer des ouvriers à la moisson " (Matthieu, 9, 37) 


Tous les dimanches, à 18h30, la messe est célébrée dans la chapelle de Gentinnes


 


L'église Sainte-Gertrude de Gentinnes (1863) et les Fonts baptismaux de Gentinnes du xiie siècle

Construite en 1863, la tour datant de 1784, l'église Sainte-Gertrude contient de très beaux fonts baptismaux romans en calcaire de Meuse avec scènes historiées de la première moitié du XIIe siècle et un banc de communion baroque du début du XVIIIe siècle.


 

La chapelle Notre-Dame, édicule du xixe siècle (route de Mellery)


 

La ferme du Moulin (1852) lieu-dit Rieu au passage, r.du Moulin


 

Le moulin Dussart (moulin à eau encore en activité), r. du Moulin


 

La ferme de Louvigny, dite du Patriote (XVIIIe), rue de Mellery


La ferme de Biérevaux, Grande Bierwart (XVIIIe), rue de Mellery

Magnifiquement restaurée, la ferme de la Grande Bierwart est un très bel ensemble rural du XVIIIe siècle sur plan en L avec logis de 1719 et tour-porche.

 

La ferme de Géronvillers (1214) et la chapelle St Donat (XVIIIe)

Cette antique ferme fut fondée par Gauthier d'Utrecht (1214-1241) pour l'abbaye de Villers. Cet imposant quadrilatère bien implanté groupe des bâtiments du XVII et XVIIIe siècles.


La brasserie de la Touffe ou Ferme de l'Ermitage (r.de l'Ermitage)

Mme Patrick Broeckx 071.87.68 60 - 0496/961.477  Ferme de l'Ermitage, rue de l'Ermitage 141 à Gentinnes

 

La chapelle Saint-Antoine

Appelée aussi Chapelle du Comte, la chapelle Saint-Antoine l'Ermite fut bâtie à la fin du 18e siècle. Dressée en bordure de la voirie qui rejoint le chemin des Maïeurs et celui des Communes, elle est connue de tous les Gentinnois. En piteux état à la fin des années 80, sa restauration fut d'abord entreprise par Mme Deleuse et M. Némerlin, et parachevée ensuite en 1996 par le CHERCHA, en compagnie de quelques bénévoles. Elle fut inaugurée le 5 octobre 1996 par Claude Jossart et bénie par le Père Lambert, curé de St-Géry et de Gentinnes


La Chapelle Saint Donat 

La chapelle Saint Donat est située en face de la ferme de Géronvillers. Elle date de l'extrême fin du XVIIIe siècle et protège de la foudre

Gentinnes en photos